Dans cet atelier textile situé aux alentours de Surin au Sud-Est de la Thaïlande, on pratique encore l’art de la teinture naturelle artisanale. Le maître teinturier connaît parfaitement toutes les possibilités tinctoriales des plantes qu’il trouve dans la campagne environnante et quelle infinité de coloris il peut en tirer.
L’atelier teint principalement des écheveaux de soie qui serviront une fois colorés au tissage de brocards précieux et d’étoffes royales, dans la plus pure tradition thaïlandaise.
Pour obtenir du rouge, l’artisan emploie du « khrang » en thai (appelé aussi « lak » en khmer). Il s’agit d’une résine excrétée par un petit insecte, le laccifer lacca, une espèce de cochenille asiatique. Pour le jaune vif, il peut travailler une gomme extraite d’un arbuste asiatique proche de l’arbre à mangoustan appelé garcinia dulcis, ou encore des baies de pomegranate. Enfin pour obtenir un bleu d’une intensité remarquable, il utilise des feuilles d’indigo (indigofera tinctoria) mises à fermenter dans des jarres pendant une dizaine de jours et dont le reliquat est ensuite transformé en poudre. D’autres végétaux donnent encore d’autres tons comme par exemple l’écorce d’oroxylum indicum (« key » en thailandais), un arbre d’Asie qui permet d’avoir un ocre moyen tirant vers le kaki, ou encore la noix de coco qui donne un brun rosé.
Les fils de soie sont d’abord blanchis dans une eau lavante à base de feuilles de bananier puis plongés dans des bains de décoctions de plantes portées à ébullition pour le rouge et le jaune. Associés à un mordant naturel qui fixe la couleur, les pigments pénètrent ainsi la fibre et donnent des coloris d’une intensité impressionnante et pérenne. La teinture à l’indigo se passe de mordant et se fait à froid.
La région de Surin est limitrophe du Cambodge, la végétation y est donc sensiblement similaire. Il n’est donc pas étonnant de retrouver les mêmes teintes de rouge, de jaune et de bleu dans les productions de tissages d’un côté et de l’autre de la frontière.