Rouge, jaune, bleu : teintures naturelles de Thaïlande

12 mai 2014

Dans cet atelier textile situé aux alentours de Surin au Sud-Est de la Thaïlande, on pratique encore l’art de la teinture naturelle artisanale. Le maître teinturier connaît parfaitement toutes les possibilités tinctoriales des plantes qu’il trouve dans la campagne environnante et quelle infinité de coloris il peut en tirer.
L’atelier teint principalement des écheveaux de soie qui serviront une fois colorés au tissage de brocards précieux et d’étoffes royales, dans la plus pure tradition thaïlandaise.

Pour obtenir du rouge, l’artisan emploie du « khrang » en thai (appelé aussi « lak » en khmer). Il s’agit d’une résine excrétée par un petit insecte, le laccifer lacca, une espèce de cochenille asiatique. Pour le jaune vif, il peut travailler une gomme extraite d’un arbuste asiatique proche de l’arbre à mangoustan appelé garcinia dulcis, ou encore des baies de pomegranate. Enfin pour obtenir un bleu d’une intensité remarquable, il utilise des feuilles d’indigo (indigofera tinctoria) mises à fermenter dans des jarres pendant une dizaine de jours et dont le reliquat est ensuite transformé en poudre. D’autres végétaux donnent encore d’autres tons comme par exemple l’écorce d’oroxylum indicum (« key » en thailandais), un arbre d’Asie qui permet d’avoir un ocre moyen tirant vers le kaki, ou encore la noix de coco qui donne un brun rosé.

Les fils de soie sont d’abord blanchis dans une eau lavante à base de feuilles de bananier puis plongés dans des bains de décoctions de plantes portées à ébullition pour le rouge et le jaune. Associés à un mordant naturel qui fixe la couleur, les pigments pénètrent ainsi la fibre et donnent des coloris d’une intensité impressionnante et pérenne. La teinture à l’indigo se passe de mordant et se fait à froid.

La région de Surin est limitrophe du Cambodge, la végétation y est donc sensiblement similaire. Il n’est donc pas étonnant de retrouver les mêmes teintes de rouge, de jaune et de bleu dans les productions de tissages d’un côté et de l’autre de la frontière.

Retour Page Thaïlande


Zu Xiong, experte en batik Hmong

10 juin 2013

À Luang Prabang, j’ai passé la journée avec Zu Xiong, véritable experte dans la technique du batik, qui dispense et pratique son savoir dans les ateliers d’Ock Pop Tok.

Originaire d’un village à 50 kilomètres de l’ancienne cité royale, Zu Xiong appartient à l’ethnie des Hmongs. Elle a grandi à la campagne et a été initiée à ce savoir-faire textile ancestral dès l’âge de douze ans. Avec son beau costume traditionnel : coiffe ronde et graphique, veste indigo brodée, décorée de jeux de galons sur l’encolure et les emmanchures, ceinture rose vif aux motifs sinueux, ce petit bout de femme arbore dignement les signes de son groupe ethnique.

Assise calmement à une table, elle me fait une démonstration de dessin selon la technique du batik. Sur un rouleau de chanvre naturel et rustique, Zu Xiong dessine patiemment avec un stylet en bambou et métal et de l’encre noire, mélange de cire d’abeille et de pigment indigo. Elle recouvre progressivement toute la surface du tissu, en commençant par les bords et de façon symétrique. Ce sont ses motifs qui vont donner à la pièce toute sa structure et son caractère. À 59 ans, Zu Xiong connaît son répertoire par cœur. Ses dessins stylisés représentent des animaux comme un escargot, des plantes et feuillages, des graines de concombre ou de courge… Tout l’univers rural du quotidien des Hmongs symbolisé en quelques traits. La cire va s’incruster dans les fibres du tissu pour empêcher que la teinture ne prenne dessus.

Nous n’en sommes qu’à la première étape de la réalisation d’un batik. C’est un long processus que Zu Xiong me détaille. Pour préparer le pigment qui donnera sa couleur à l’étoffe de chanvre, il faut mettre les feuilles de l’indigotier dans une jarre pendant quatre jours. On retire ensuite la matière végétale et on y laisse les pigments fermenter pendant sept jours supplémentaires avant d’y tremper à froid le tissu avec les motifs à la cire, avant de le faire sécher au soleil. Pour obtenir ce bleu intense qui tire jusqu’à un noir profond, il faut répéter l’opération de trempage et de teinture trois à quatre fois par jour minimum, et dans l’idéal jusqu’à quarante fois pendant un mois.

Enfin, on fait bouillir le tissu pour faire fondre la cire et pour qu’apparaissent enfin les dessins en réserve en blanc. Le batik est enfin terminé. Cette pièce est la base de toutes les créations textiles des femmes Hmongs. Elles les rebrodent de galons rouges appliqués ou de points géométriques, assemblent plusieurs étoffes pour créer des tentures ou de grandes jupes plissées, comme celle que porte Zu Xiong le jour de notre rencontre.


LUANG PRABANG, LAOS

Zakaria et les couleurs du Sahel

18 janvier 2013

À Ouagadougou, l’entreprise artisanale Couleurs du Sahel produit des étoffes originales et du linge de maison en coton, dans l’esprit du Faso Dan Fani, le pagne en cotonnade typiquement burkinabè, et en bogolan, une technique d’impression et de teinture originaire du Mali.

Zakaria, son fondateur, s’est engagé dans une production respectueuse de l’environnement sur l’ensemble de la chaîne, depuis le choix d’un coton biologique, à la teinture des fils par des pigments naturels, et enfin jusqu’au travail du tissage sur des métiers manuels.

Le jour où je l’ai rencontré, il portait une chemise taillée dans un tissu sorti de ses ateliers, une belle toile de coton au coloris gris-vert très raffiné. Cet homme affable et passionné revendique un savoir-faire inspiré des traditions textiles du Burkina Faso.

Il partage ses connaissances avec bonhomie et me montre les différentes plantes et feuilles qu’il utilise pour obtenir ses colorants naturels, le plus souvent par décoction. Je découvre ainsi quelle végétation pousse aux alentours de la capitale Ouagadougou et quelle teinte on peut en obtenir : l’écorce du raisinier d’Afrique (appelé n’pecou) donne une couleur rouge-orangé, les feuilles du bouleau d’Afrique (n’galama) un jaune vif, la fève du néré un brun et enfin l’indigo un bleu profond. En s’appuyant sur la lecture de livres de botanique, Zakaria poursuit sans cesse des tests de teinture pour développer et mettre au point de nouveaux coloris.

Son coton est produit au Burkina Faso. « L’or blanc », tel qu’on le surnomme, est une des principales ressources du pays et connaît un grand succès à l’exportation. Et la culture du coton bio est devenue une filière très porteuse. Il reste encore certaines difficultés pour obtenir un approvisionnement régulier. Les stocks de fils sont parfois insuffisants et on ne peut pas toujours répondre aux commandes, quand elles requièrent des délais de réalisation très courts.

Couleurs du Sahel a donc rejoint une coopérative regroupant douze ateliers dans la filière textile, pour avoir plus de poids dans les commandes de coton et pour favoriser le développement de son activité.

Zakaria porte haut les couleurs du Burkina Faso, en montrant un bel exemple entre tradition et modernité, et en défendant une production artisanale de qualité, autosuffisante et ingénieuse, basée sur les ressources naturelles du pays.

Retour Page Burkina Faso


OUAGADOUGOU, BURKINA FASO

Le bogolan, étoffe de la terre

18 janvier 2013

ambiance-bogolan-ok

A Ouagadougou, j’ai retrouvé Zakaria, pour passer une seconde journée en sa compagnie et découvrir ce qu’est le bogolan.

Bogolan signifie littéralement « fait avec la terre », de la langue bambara « bogo »: « terre » et « lan »: « issu de ».
Ce tissu à la technique de teinture si particulière est de tradition millénaire en Afrique de l’Ouest.  On en trouve principalement au Mali et au Burkina Faso. A partir des années 80, le bogolan connaît un succès dans le vestiaire africain moderne, utilisé pour faire des pagnes de femmes ou des tuniques d’homme. Il apparaît également dans la décoration intérieure, comme couverture ou tenture. Il est encore pratiqué par les tribus Dogon, Bobo, Senoufos ou encore Bambaras et chaque ethnie développe son propre style et répertoire de motifs.

Le bogolan est toujours une toile de coton plus ou moins épaisse. Traditionnellement, il est composé de bandes étroites tissées manuellement sur de petits métiers et cousues ensemble.

Ce qui frappe, ce sont les couleurs si particulières et des harmonies reconnaissables entre toutes: ocre jaune, brun, noir, blanc et parfois des touches de rouge. Une apparente simplicité de tons neutres, terreux et minéraux. Zakaria me montre comment obtenir la couleur principale, cet ocre jaune, grâce à une teinture par décoction de feuilles de bouleau d’Afrique (n’galama). Plus on fait des bains, plus la couleur se densifie et prend en saturation. La pièce de tissu est ensuite séchée au soleil pour fixer la couleur.

On utilise ensuite de l’argile récupérée dans des jarres et qu’on applique au pinceau ou au stylet, à main levée ou au pochoir. C’est cette boue fermentée qui va réagir chimiquement en séchant sur la base ocre, pour donner au rinçage une couleur noire très dense et indélébile. Si les bogolans traditionnels sont bicolores et jouent seulement sur le contraste jaune-noir, il est possible d’ajouter des touches de blanc par un processus de décoloration, grâce à un mélange de chlore, savon de karité et lessive; ou encore des touches de rouge foncé, par décoction d’écorces de raisinier d’Afrique (n’pecou), ou de brun avec une teinture au néré.

Les bogolans contemporains ont un peu perdu de leur signification symbolique et de leur authenticité, pour devenir des jeux graphiques purement décoratifs. A l’origine, chaque dessin avait un sens. Il s’inspirait de la nature, d’éléments de la vie quotidienne en Afrique… Chaque pièce était destinée à un usage rituel précis comme le mariage ou la chasse.

Colorer et dessiner avec le soleil, l’eau, l’argile et les plantes pour obtenir des étoffes aux possibilités de décors infinies. Quand on découvre comment sont faits les bogolans, on comprend mieux leur force et la profondeur de leurs couleurs. Au toucher, on ressent quelque chose de vital, nourri de la terre et de la lumière d’Afrique.


OUAGADOUGOU, BURKINA FASO

Gisèle, reine de la teinture

9 janvier 2013

Gisèle Moukoro Ouedraogo est une teinturière comme il en existe peu au Burkina Faso. Trente ans de métier et toujours la même passion du travail bien fait. Professeur de dessin, formée à l’Institut des Beaux Arts aux Mali, elle a installé son atelier à Bobo Dioulasso.

Cette artiste textile s’est spécialisée dans la teinture artisanale et dans la réalisation de pièces pour l’habillement et la décoration d’intérieur : étoles, tentures, couvertures, coussins, pagnes traditionnels…

Il y a d’abord le choix de la matière. Toujours du coton : voile, toile, jacquard d’épaisseur différente, selon le produit final qu’elle souhaite réaliser. Puis vient le moment où son savoir-faire exceptionnel va pouvoir s’exprimer avec la teinture et la couleur, pour ennoblir et enrichir la base de tissu choisie. Pour sa démonstration, elle travaille sur un basin, fameux tissu de l’Afrique de l’Ouest, du terme moyen-âgeux « bombasin » issu de l’italien « bambagine » (coton), utilisé pour la confection de costumes traditionnels hauts de gamme.

Pliages, torsades, nouages, surpiqûres savantes, tous les procédés sont bons pour créer une infinité de motifs sur le tissu: rayures, pointillés, effets tie and dye. Gisèle est en recherche perpétuelle de nouveaux points, créations originales, pour une vraie sophistication du rendu final. Elle travaille parfois sur l’étoffe entière, ou alors par bandes étroites qu’elle assemble ensuite, comme pour la réalisation du faso dan fani, le pagne burkinabè.

La couleur vient mordre le tissu, sans prendre sur les coutures et c’est cela qui donne le motif final, une fois le tissu séché et les points retirés. Après la phase de teinture, le tissu est trempé dans l’amidon, séché et puis frappé à grands coups de maillet en bois, pour lui donner souplesse et brillance.

Le talent se transmet de génération en génération puisque son fils a remporté plusieurs prix en batik, ces tableaux textiles traditionnels avec des motifs en réserve réalisés avec de la cire, puis teints. Ils travaillent ensemble dans le même atelier.

Fière de la qualité de son travail, cette grande dame de la teinture peut se féliciter d’avoir habillé de hauts dignitaires du pays. La soixantaine fringante et toujours les mains dans l’eau et la couleur, Gisèle est remarquable de détermination et d’engagement dans son art. Elle prône une approche innovante et sensible de l’artisanat, et encourage les artisans du Burkina Faso à faire preuve de créativité, pour promouvoir le savoir-faire textile burkinabè dans le monde.

Retour Page Burkina Faso


BOBO DIOULASSO, BURKINA FASO

La soie plissée de Ngoc Bich

2 octobre 2012

Au Vietnam, il faut sortir des grandes villes comme Hanoi et Saigon, pour découvrir enfin un autre visage du pays et se plonger dans une vie rurale, rythmée par d’autres mouvements et d’autres activités. On compte notamment plusieurs milliers de villages artisanaux, chacun spécialisé dans la production d’un savoir-faire précis: la laque, la vannerie, la poterie, la sculpture sur bois et bien sûr la soie.

Toujours grâce à l’association Craft Link, je me suis rendue dans un de ces villages de métier, dans la province de Thai Binh, pour y rencontre une fabricante locale d’étoles en soie. Une heure et demi de taxi sur des routes planes et régulières, à travers des kilomètres de rizières verdoyantes, au sud de Hanoi, près de la mer de Chine Méridionale.

Ngoc Bich m’accueille avec simplicité et chaleur. Sa famille a toujours été dans le tissage. On sent une ambiance familiale dans l’atelier qui fait travailler une dizaine de personnes de ce village et des villages voisins.

Le procédé de froissage de la soie employé par Ngoc Bich n’est pas une technique traditionnelle, mais un savoir-faire artisanal unique récent, très peu répandu. Une fois la soie tissée par des métiers mécaniques, on obtient de larges bandes d’une belle finesse sur plusieurs dizaines de mètres de long. Ces traînes de soie, étendues à l’air libre, sont entortillées en longues cordelettes, puis mises en teinture dans plusieurs bains successifs. A chaque teinture, les torsades empêchent la couleur de prendre de façon régulière. C’est ainsi qu’on obtient un effet tacheté élégant, version nouvelle du tie and dye, pour un rendu multicolore délavé qui prend toute sa douceur sur les mousselines de soie.

Les pièces sont ensuite découpées pour devenir des étoles. Il reste encore une dernière étape, la plus difficile et méticuleuse: la torsade à la main. Ngoc Bich a fini par devenir si habile! Accroupie, elle coince un coin d’étole humide sous son pied, tend l’autre extrémité à sa collègue, et entreprend de rouler et tresser son étoffe transparente aux teintes vives. Ses mains souples et agiles lui permettent de faire jusqu’à vingt étoles par heure. Les pièces sèchent ensuite sous cette forme nattée et conservent ainsi définitivement leur aspect savamment froissé, qui fait tant leur succès.

Retour Vietnam


THAI BINH, VIETNAM

Thea, la nature dans la teinture

19 avril 2012

Thea connaît les secrets des teintures naturelles. Il a tout appris au sein de Goel Community, une organisation humanitaire de Phnom Penh, montée par un missionnaire coréen Jung Minh Han, qui développe des collections textiles en soie et en coton. Les fils sont teints à la main, selon des techniques traditionnelles, naturelles et écologiques à l’atelier de Phnom Penh. Ils sont ensuite donnés à des villageoises de la région de Takeo pour être tissés. Goel Community rémunère les tisserandes et commercialise les étoles.

Chacun des colorants est obtenu à partir de plantes et d’arbres. L’amandier donne un coloris gris foncé, l’indigotier toutes les nuances de bleu, et le garcinia (« prohout » en khmer) un jaune vif et saturé comme la couleur du curry. La capacité de teinture de l’atelier de Phnom Penh va jusqu’à cent étoles et vingt-cinq kilos de fils par jour. Le nuancier s’est étendu à une quinzaine de couleurs différentes.

Thea a vingt-quatre ans. C’est sa sœur qui lui a présenté Han, alors qu’il avait abandonné ses études. Il me raconte qu’il a voulu démissionner dès son premier jour de travail. S’occuper de la teinture est un métier physique et difficile. Il fait chaud, on plonge constamment ses mains dans des bacs de pigments, des marmites d’eau brûlante, des bassines d’eau claire. Toujours agenouillé, plié, accroupi à presser les écheveaux de fils, les tordre, les remuer, les surveiller…

Pour le convaincre de rester, Han lui a expliqué qu’il ferait bien plus que de teindre des écheveaux de fils, il pourrait ainsi contribuer à aider des personnes défavorisées dans les campagnes, en leur offrant du travail et un salaire régulier. Alors le lendemain, Thea est revenu.

Cela va faire cinq ans qu’il officie aux teintures et qu’il suit toutes les étapes avec soin et précision. Donner des couleurs aux fils est aujourd’hui une vocation.  Il me confie en souriant qu’il serait devenu « un gangster » si Han ne lui avait pas donné sa chance.

Retour Cambodge


PHNOM PENH, CAMBODGE

Vie d’atelier à Banteay Chmar

19 avril 2012

Les ateliers sont de vrais lieux de vie. Ici, dans le village de Banteay Chmar, tout le monde connaît le centre de tissage des Soieries du Mékong. L’atelier ouvre très tôt, lorsque la température est douce et que l’humidité ne s’est pas encore pleinement installée. Tous les artisans viennent du village et de ses alentours. Il est 7 heures et demi du matin et une journée de travail commence. Psey Touch m’invite à partager son petit déjeuner: du riz, un peu de porc mariné et du piment. Elle s’occupe de la teinture des écheveaux de soie et de l’échantillonnage des coloris à développer pour la nouvelle collection d’étoles. Préparer les écheveaux de fils de soie et le mélange de colorants chimiques, faire chauffer l’eau de teinture à ébullition et tremper les fils, jusqu’à fixation de la couleur. Faire ensuite sécher l’écheveau teint et recommencer encore et encore jusqu’à obtenir le bon coloris.

Dans la salle d’ourdissage, Neakru prépare une chaîne de tissage pour une nouvelle idée d’étole. On entend le bruit sourd des métiers à tisser en action, les navettes en bois qui passent d’un bord à l’autre du métier en déroulant leur canette de fils de trame, les cadres qui changent le croisement des fils. L’ambiance est appliquée et tranquille. Au rez-de-chaussée du bâtiment central, les femmes s’occupent de la partie finition des étoles. Enfin à l’étage, on s’occupe de la confection de petits accessoires en soie.

Tout est fait avec soin et chaque minutieuse étape a été pensée de manière artisanale. Une fois tissés, les foulards tombés de métier sont récupérés, lavés pour les assouplir puis repassés à la main. La soie s’entretient comme la chevelure, on la lave à l’eau et au shampooing. Les femmes vérifient qu’il n’y a pas de défaut et retirent les petits fils qui pourraient dépasser de ces pièces tissées main dont l’irrégularité fait aussi la beauté. A 17h, la journée est finie. Chacun et chacune rentre chez soi. Demain est un autre jour.

Retour Cambodge


BANTEAY CHMAR, CAMBODGE

Renaissance de la soie dorée

15 avril 2012


J’ai découvert qu’il existait de la soie de couleur jaune d’or, produite par une espèce de ver à soie rare en voie de disparition, qu’on trouve en particulier dans la région Nord-Est du Cambodge. Ce ver produit moins de soie que le ver à soie blanche et son fil est d’une qualité plus épaisse et résistante.

Pheach Oum m’a raconté comment elle a fondé Golden Silk en 2002 et comment elle s’emploie, avec énergie et passion, à faire revivre les splendeurs de la soie dorée, dans sa plus pure tradition, dans un projet humanitaire, artistique et patrimonial. Pour créer des étoffes qui vont traverser les siècles, des pièces de collection et d’exception, tout en donnant un savoir et un revenu régulier à des femmes et hommes issus de milieux ruraux pauvres.

Pheach Oum est cambodgienne. Après des études en France, elle est revenue au pays, décidée à aider le plus possible les victimes de la guerre civile et notamment les orphelins. Elle s’est ensuite lancée dans la création d’un centre de formation au tissage et porte depuis ce projet éco-responsable sur ses épaules, avec une détermination impressionnante.

Maintenir cet héritage et ce joyau de la culture khmère est une priorité pour cette ancienne directrice du Centre National de la Soie. Les motifs des ikats qu’elle développe avec son équipe de tisserandes s’inspirent des dessins des temples d’Angkor qui sont tout proche de la ferme-atelier Golden Silk. Pheac est une puriste, elle tient à enseigner des techniques de tradition centenaire, depuis la filature jusqu’au tissage, dans le respect de la nature.

Chaque pièce est tissée et teinte à la main avec des teintures naturelles et écologiques, lui conférant une valeur unique. Le temps ne compte pas pour produire chacun de ces tissus. Certains ikats prennent plus d’un an à être réalisés, entre le nouage, la teinture des fils de trame et le tissage d’un dessin d’une grande complexité.

Perdu au milieu de la campagne, le centre de tissage est d’un calme lumineux. On y ressent un profond dévouement pour la beauté de ce processus de création, du fil de soie jusqu’aux étoffes.

Retour Cambodge


SIEM REAP, CAMBODGE