J’ai rencontré Julia Brennan en Thaïlande en 2013, dans le laboratoire de conservation du récent Musée des Tissus de la Reine Sirikit de Bangkok. Elle a participé activement à la création de ce département, formant notamment l’équipe de conservateurs textiles en charge de la pléthore de costumes, de robes d’apparat et de textiles thaïlandais précieusement gardée et exposée au sein de ce musée. Conservatrice textile, formatrice et consultante, elle parcourt le monde entier et en particulier le continent asiatique pour y transmettre son savoir. Toujours en recherche de nouvelles méthodes et de matériaux innovants, elle accompagne les musées locaux dans l’entretien de leurs collections textiles qui offrent souvent de remarquables exemples de traditions ancestrales.
Et quand elle n’est pas en voyage, Julia Brennan vit à Washington DC. Dans son studio, elle prolonge l’existence de textiles et costumes à la demande de particuliers ou d’institutions, les prépare pour des expositions et les préserve ainsi des dangers du temps. Elle a longtemps travaillé au sein du Textile Museum de Washington DC avant de se lancer à son compte. Les étoffes qu’elle récupère parfois dans des états critiques constituent le patrimoine populaire de la petite ou de la grande Histoire, issues d’un héritage familial, d’une collection personnelle ou encore dénichées lors d’un voyage. Chaque cas est un nouveau défi à relever, un pan de l’histoire textile à explorer et une enquête scientifique à mener.
Le conservateur doit définir le matériau de base, les techniques employées, mais aussi le type de teinture pour pouvoir envisager la meilleure marche à suivre. Le traitement appliqué se doit d’être le moins invasif possible et le plus respectueux de l’objet et de sa condition de départ. La conservation textile est un travail de patience qui demande un large spectre de compétences. Il faut savoir conjuguer habileté manuelle, savoir scientifique et connaissances historiques.
Julia Brennan exprime une curiosité profonde pour les textiles anciens et contemporains de toutes sortes et de toutes les régions du monde, depuis les patchworks folkloriques américains jusqu’aux batiks indonésiens. Sa passion et son enthousiasme en font l’éloquente avocate d’une essentielle nécessité de préserver cet héritage textile mondial.