Leslie Sudock, avocate des arts textiles

13 mai 2016

Leslie Sudock, avocate de métier, activiste et artiste textile, a ouvert l’atelier Ready to Hand dans le quartier sud de Philadelphie. En 2013, elle rachète un petit immeuble de ce quartier populaire et y installe son studio au rez-de-chaussée. Une belle lumière naturelle traverse les hautes fenêtres de l’atelier et se pose sur la multitude de cônes de fils colorés et les créations textiles suspendues un peu partout sur les murs. Dans cette atmosphère tranquille se tient une petite dizaine de métiers à bras déjà ourdis. Leslie Sudock propose des cours de tissage pas comme les autres. Elle accueille de petits groupes d’apprentis qui viennent découvrir les préceptes du tissage de tradition SAORI. La notion de transmission est centrale dans la philosophie SAORI. Elle a elle-même reçu l’enseignement de Mihoko Wakabayshi du centre de Worcester, Massachusetts en 2012.
Ce mouvement a été lancé en 1969 au Japon par Misao Jo. Plus qu’une pratique artisanale, SAORI est considéré comme une philosophie artistique proche du ZEN qui suit la devise « apprendre de chacun, inspiré par chacun ». Sa est l’abréviation de sai, un terme du vocabulaire zen qui veut dire dignité, et ori signifie tissage en Japonais. Ouverte à tous, quelque soit son âge ou sa condition physique, cette pratique invite à l’improvisation. On vient tisser sur une chaîne unie qui est souvent déjà installée sur le métier pour faciliter le travail. On insère ensuite des fils de coton et de laine, au gré de son inspiration, sans suivre de dessin ou d’armure pré-définie, un peu comme si on peignait avec de la couleur. Une fois le tissage achevé, les étoffes deviennent des étoles ou servent à la confection de vêtements. Ces pièces uniques, tuniques et ponchos, sont montées à la main avec le moins d’intervention possible sur le tissu d’origine, le plus souvent cousues bords à bords et sans ourlet.
Leslie a toujours été très engagée dans la vie associative de son quartier. Ready to Hand, son studio, est implanté dans un quartier populaire en pleine transformation. Les valeurs de partage et le sens de la communauté sont au cœur de son approche textile. Convaincue des vertus thérapeutiques du SAORI, elle partage son savoir dans les cours de classe de Philadelphie, mais aussi auprès de foyers de sans-abris, notamment au sein du programme Arts Street Textiles.
Bordures irrégulières, accidents et ratés heureux, SAORI célèbre la beauté de l’imperfection. C’est un art sensible et empirique qui se révèle dans une pratique régulière et appliquée, et qui offre également l’opportunité de tisser du lien social.