Quel beau pays! Pour la petite histoire, mon père est né au Maroc, à Meknès et il a vécu et grandi pendant ses treize premières années d’abord à Azrou puis à Marrakech et enfin à Rabat. Je n’y suis allée pour la première fois qu’en février 2011 et c’est dans ce pays que j’ai eu envie de faire démarrer mon projet sur l’artisanat textile.
Les artisans marocains on su sauvegarder leurs savoir-faire et mes rencontres ont confirmé cette impression. C’est une culture tactile, colorée, d’une grande diversité. Il y a d’ailleurs beaucoup de mots du vocabulaire textile qui trouvent leur origine etymologique dans la langue arabe. Quand on parle de tissus comme le mohair, le satin, le damas, la mousseline, le taffetas… Ou bien pour les noms des couleurs avec l’orange, le jaune safran, le lilas…
On ne peut pas faire le portrait d’artisans sans s’intéresser aussi à leur cadre de vie, la ville dans laquelle ils vivent:
– Fès, la ville séculaire, centre historique et religieux du Maroc, avec une médina intacte depuis le Moyen-Age.
– Azrou, ville au carrefour des différentes tribus berbères qui vivent au Maroc, dans les montagnes du Moyen-Atlas.
– Et enfin Essaouira, station balnéaire sur la côte atlantique, ville de pêcheurs, un peu bohème, toujours sous le vent.
La découverte des terres rudes et magnifiques du Moyen Atlas a été un grand moment. C’est le lieu de réunion d’une communauté mélangée, avec les commerçants, de la tribu des Soussi, qui viennent plutôt du désert et les agriculteurs, éleveurs de chèvres et moutons qui sont plutôt des berbères sédentarisés. Les berbères, « Imazighen » dans leur langue, sont un ensemble d’ethnies réparties en tribus qui ont occupé l’Afrique du Nord, bien avant l’arrivée des peuples arabes. Aujourd’hui en minorité au Maroc, ils conservent des traditions et une langue qui leur sont propres. Et c’était passionnant de pouvoir découvrir et comprendre les subtilités de leur héritage artisanal textile.