Danielle Morsette a vingt-sept ans et pratique le tissage depuis plus de dix ans. Née dans le Montana d’un père de la Nation Stó:lō et d’une mère de la tribu Suquamish, elle a grandi en Colombie Britannique. Elle vit à Vancouver avec son mari et son jeune fils, dans le quartier nord de la ville tout près du port depuis 2010. Danielle crée des tissages qui s’inscrivent dans la tradition Coast Salish. Ce nom désigne un ensemble de tribus amérindiennes de la Côte Pacifique Nord Ouest réparties depuis le sud de la Colombie Britannique au Canada, jusqu’aux états de Washington, de l’Idaho et du Montana aux Etats Unis.
Sa pratique du tissage la lie profondément à ses racines amérindiennes. C’est tout l’héritage de ses ancêtres qu’elle explore et qu’elle célèbre à travers les couvertures de laine qu’elle réalise. Sur son métier à tisser – une structure fixe avec deux barres transversales sur laquelle s’enroule la chaîne de l’ouvrage – Danielle Morsette travaille la surface en partant de bas, en passant manuellement une navette de gros brins laineux en trame, d’un bord à l’autre, tassant doucement le fil de trame avec un peigne. Elle emploie avec brio les armures de sergé et de natté, et déploie sur ses pièces tout le répertoire de formes géométriques caractéristiques de l’esthétique Coast Salish : chevrons, zig-zag, losanges et rayures. Son travail pousse plus loin la tradition. Elle renouvelle la technique par des créations audacieuses, des expérimentations réussies associant le tressage de l’écorce de cèdre et la laine, ou par un choix de coloris atypique et sophistiqué.
Au sein de sa communauté, Danielle est reconnue comme une tisserande chevronnée, dépositaire d’une identité culturelle qu’elle revendique et qu’elle transmet dans ses tissages. On la sollicite souvent pour réaliser des pièces de cérémonie qui seront portées lors des potlatch, ces grands rassemblements traditionnels de la côte Pacifique Nord Ouest. Réaliser une cape lui prend jusqu’à plusieurs semaines de travail intensif. D’un tempérament déterminé et discret à la fois, Danielle cultive sa passion chaque jour, et tisse souvent la nuit, quand elle trouve un moment de calme après s’être occupée de son fils dans la journée. Elle s’attache aussi à enseigner son savoir à d’autres membres de la communauté. Le tissage est devenu son chemin de vie, une manière d’appréhender son héritage familial, mais aussi l’espace d’exploration d’une artiste textile contemporaine portée par son époque.