Le mot « Maroquinerie » vient du mot français « maroquin » qui à son tour vient du mot «Maroc». Il se réfère à la peau de chèvre tannée en provenance justement du Maroc, ce qui montre clairement à quel point ce pays est reconnu et connu mondialement comme le lieu pour l’artisanat du cuir.
C’était Maria Jose, une amie espagnole d’Essaouira, l’ancienne ville portugaise sur la côte atlantique, qui m’a introduite auprès d’Abbes. Cela se passait durant le mois de Ramadan. Abbes est passé maître dans en la vie tranquille d’un artisan dévoué et solitaire. Il vit et travaille dans son atelier près de Bab Doukkala, juste à l’extérieur de la médina d’Essaouira.
Son atelier a tout d’un bazar poétique: cadres contenant des photos anciennes, peintures, cages à oiseaux, tissus, dessins… Un couple de chats se promene entre les tas de cuir et divers déchets textiles qu’Abbès a recueillis auprès d’autres maroquiniers et fabricants de la ville, tandis que l’artisan travaille sur ses produits.
Cet artisan sellier s’est spécialisé dans la réalisation de sacs en patchwork de cuir et la transformation de paniers de paille: il les habille, les recouvrant de morceaux de tissus et de cuir selon sa propre inspiration. Sac à main, sacoche, sac à dos, portefeuille, panier avec une poche en cuir… Il crée toute une collection de modèles originaux, et s’adapte aux souhaits des clients. Le bouche à oreille fonctionne assez bien pour Abbès dont le travail impressionne par son authenticité et sa touche personnelle. Il m’explique qu’il a commencé le travail du cuir par hasard, en réalisant d’abord des tamis en cuir et soufflets traditionnels, avant de se lancer dans les paniers il ya une dizaine d’années, puis dans les sacs. C’est son oncle qui l’a formé, là où il a grandi, à Marrakech. Ce n’était pas une vocation, ni un rêve d’un enfant, mais les hasards de la vie qui l’ont mené à cette voie.
Abbès apparaît à la fois comme un artisan et un artiste qui utilise ses mains pour faire des pièces uniques. Il mélange habilement les couleurs, en ajoutant surpiqûres contrastées, réalisant des boutons fantaisie, jouant entre les chutes de tissus et les différents types de cuir irisé, grainé ou nappa.
Il semble prendre grand plaisir à mener cette vie libre de toutes contraintes. Abbes ne travaille pas tous les jours, et refuse de s’impliquer dans tout type de production à grande échelle. Il se met au métier selon ses envies, parfois le matin, parfois l’après-midi, quand il sent l’inspiration venir. Et le reste du temps, il lit, il se promène, il prend soin de ses chats. Il vit tout simplement.