Du 12 au 14 novembre dernier avaient lieu les Eco-Dialogues, université populaire en milieu rural dédiée aux questions environnementales et humanistes. Cette année, ce cycle de rencontres et de conférences autour de la thématique (R)évolutions des SAVOIR-FAIRE s’est déroulé au Vigan, dans les Cévennes. J’ai participé à la rencontre professionnelle du vendredi intitulée “Laine, soie, lin, chanvre et fibres nouvelles, des traditions du passé aux innovations du présent”. Marie-Thérèse Chaupin, présidente de l’ATELIER-Laines européennes (Association textile européenne de liaison, d’innovation, d’échange et de recherche autour de la laine) a exposé les difficultés de production de laine en France et a insisté sur l’intérêt d’utiliser des fibres naturelles. Christine Browaeys, ingénieur et consultante chez T3Nel, a partagé son expertise sur l’innovation textile et sur le vaste potentiel offert par les fibres nouvelles.
Le soir, c’est Marc Bayard, conseiller scientifique pour le développement culturel au Mobilier national, qui est venu présenter l’utopie réaliste du mouvement Slow Made qui entend redonner de la valeur aux savoir-faire, et en particulier dans le domaine des métiers d’art.
La conférence du samedi était centrée plus particulièrement sur la thématique de la laine. Julien Buchert, chargé de mission pour l’agropastoralisme au Parc national des Cévennes, a partagé son engagement auprès des éleveurs. Accompagné de Marie-Thérèse Chaupin, il a détaillé les différentes étapes du traitement de la laine, expliquant par exemple que chaque bête compte jusqu’à une douzaine de types de laine sur sa toison. La rencontre s’est révélée passionnante, riche en échanges et partages d’expérience.
Un groupe d’éleveurs en ovins de race raïole de la région est venu raconter les difficultés rencontrées dans la valorisation des élevages. Au-delà de la viande qui reste évidemment leur source de revenu principale, ils se montrent soucieux de trouver un débouché de qualité pour leur laine. Des initiatives encourageantes offrent des opportunités prometteuses pour cette matière exceptionnelle et précieuse dont l’histoire locale remonte au temps de la Gaule autour de 7000 ans avant notre ère. Différents produits issus de la transformation de la laine commencent à être développés : écheveaux et pelotes, couettes doublées de coton, accessoires tricotés… Le Mobilier National s’intéresse également à cette laine des Cévennes et a lancé des essais qui permettraient de l’intégrer à la création des tapisseries et tapis, commandes publiques destinées à décorer l’Elysée et les ministères.
Chacun a pu exposer son point de vue (éleveurs, ingénieurs, fileuses, designers et artisans…). Dans ces discussions croisées, de véritables envies de reconstruire cette filière de laine se sont fait sentir. Par ces échanges positifs et constructifs, cette édition des Eco-Dialogues a permis de semer les graines d’une réhabilitation nécéssaire et primordiale du patrimoine textile de la région.
Magali An