Les chroniques de la soie: chaîne (The Silk Chronicles: Warp)

14 juin 2019

Dans l’atelier de tissage de Krama Yuyu situé dans le village de Ta Pouk près de Siem Reap au Cambodge, Chenda Heng, maître tisserande et responsable d’atelier, sa sœur Theary et ses tisserandes préparent une chaîne de soie longue de 17 mètres pour la réalisation de pieces en ikat. Chenda et Theary tiennent cet apprentissage de l’art de la soie de leur mère. Elles ont été formées dès leur plus jeune âge quand elles vivaient encore la région sud du Cambodge dans la province de Takeo. À l’atelier, elles produisent le plus souvent des textiles de coton tissés à la main pour l’export et n’ont pas la possibilité de tisser des pièces en soie. The Silk Chronicles est un film en deux parties tourné en juillet 2017. Ces deux volets documentent comment ces tisserandes khmères mobilisent un savoir-faire ancien et se réapproprient le tissage de l’ikat en soie à la façon cambodgienne.

La préparation de la chaîne est généralement la première étape du tissage. The Silk Chronicles: Warp montre la préparation de la chaîne de soie noire qui sera installée sur le métier à tisser et deviendra la base des futurs tissus. Relatant une série d’étapes à la fois précises et délicates, le récit révèle une dynamique de groupe fascinante où le toucher et la vue dépassent souvent la communication verbale et où chaque tisserande joue un rôle essentiel dans la réussite d’un projet collectif.

Film documentaire court
Réalisation Magali An Berthon
Montage Remi Buono
08:08
Ta Pouk, Cambodge
(juillet 2017)


Janaïna Milheiro, du fil à la plume

15 octobre 2013

Janaïna Milheiro, designer et artisan textile, nous a reçus dans son atelier perché au dernier étage d’un bâtiment industriel du 13e arrondissement. Ses créations précieuses viennent adoucir l’ambiance un peu glacée du lieu.
La jeune femme a été formée à l’école de l’excellence à Duperré puis à L’ENSCI Les Ateliers, développant des compétences en tissage et impression. Elle intervient au plus près de la matière et la dimension artisanale est centrale dans son travail textile, placé dès ses débuts sous le signe de la plume.

La talentueuse créatrice produit des tissages, broderies et compositions textiles d’une rare finesse, aux caractéristiques reconnaissables entre toutes. Janaïna Milheiro s’intéresse à la plume pour sa texture proche d’une fibre, pour sa couleur et la variété de ses motifs. Que ce soit une plume d’autruche, le duvet d’une oie ou d’un canard, elle cherche à les intégrer dans la structure-même de ses tissages pour faire corps avec les fils de soie ou de laine qui viennent tramer ses pièces.
Qui aurait pensé qu’un élément si petit, léger et délicat puisse offrir un tel répertoire de créations et de formes? C’est là tout le talent de Janaïna. Elle n’envisage pas la plume comme le ferait une plumassière, en ornement mais elle s’y intéresse en tant que tisserande, brodeuse, dentellière ou même couturière, en découpant les pointes, les assemblant comme des perles ou comme des rubans à broder…
C’est cette approche d’orfèvre qui a séduit les maisons de couture et de décoration, toujours à la recherche d’étoffes uniques.

D’un naturel indépendant, la créatrice textile développe ses propres collections et œuvre régulièrement à des collaborations exclusives. Elle souhaite se positionner comme fournisseur auprès de ses différents interlocuteurs et pas seulement comme designer, en s’occupant également de la production de ses tissus. Janaïna s’implique donc dans l’ensemble de la chaîne, de l’idée jusqu’à la réalisation des échantillons puis des métrages de tissus qu’elle propose. Oscillant toujours savamment entre la posture d’artisan et celle de designer, la plume est pour elle un territoire d’exploration qui semble presque inépuisable.

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Les somptueux brocarts de Kieng

10 juin 2013

Kieng a grandi dans la ville de Paksé, capitale du Sud du Laos avant de partir ensuite s’installer à Luang Prabang. Cette souriante Laotienne de 39 ans est considérée comme l’une des plus talentueuses tisserandes de l’atelier Ock Pop Tok, fondé en 2000 par Joanna Smith et Veo Douangdala, et qui emploie de façon éthique plusieurs centaines d’artisans de la région de Luang Prabang.

Comme de nombreuses jeunes Laotiennes, elle a démarré le tissage très jeune, à l’âge de sept ans, en débutant par l’apprentissage de techniques simples pour réaliser des armures élémentaires comme la toile, des carreaux et des rayures. Elle développe ensuite les savoir-faire beaucoup plus complexes du  jacquard et du brocart qui permettent de tisser de magnifiques motifs traditionnels de l’ethnie Lao-Thai sur des bases de soie, de chanvre ou de coton.

La culture textile est encore très forte chez les Laotiens qui utilisent leurs étoffes traditionnelles au quotidien et à l’occasion de différentes cérémonies (mariage, fiançailles, décès), à la fois pour un usage vestimentaire et pour la maison. Les jeunes filles réalisent des pièces qui vont composer leur dot et qui sera offerte à la famille de leur futur époux. Et cela peut leur prendre jusqu’à une année pour compléter le trousseau.

Couverture, tenture, mouchoir, étole, jupe portefeuille, rideau, habit religieux… Les modèles varient selon le groupe ethnique et mêlent différentes techniques textiles, comme les rayures horizontales, le travail de l’ikat et la tapisserie.

Kieng vient quotidiennement travailler sur un métier à tisser de l’atelier. Je l’observe en train de tisser méthodiquement. Ses mains virtuoses exécutent des mouvements précis et rapides. Elle commence par réaliser une partie en toile et entame ensuite toute une partie en broché, avec un motif géométrique qui se dessine au fur et à mesure. On travaille ligne par ligne, duite par duite, en actionnant la levée de chaque fil un par un, avant de passer la soie en trame, jusqu’à ce que le dessin se forme en relief et donne à la pièce finale son caractère et sa rareté si typiquement laotienne.

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LUANG PRABANG, LAOS

Zakaria et les couleurs du Sahel

18 janvier 2013

À Ouagadougou, l’entreprise artisanale Couleurs du Sahel produit des étoffes originales et du linge de maison en coton, dans l’esprit du Faso Dan Fani, le pagne en cotonnade typiquement burkinabè, et en bogolan, une technique d’impression et de teinture originaire du Mali.

Zakaria, son fondateur, s’est engagé dans une production respectueuse de l’environnement sur l’ensemble de la chaîne, depuis le choix d’un coton biologique, à la teinture des fils par des pigments naturels, et enfin jusqu’au travail du tissage sur des métiers manuels.

Le jour où je l’ai rencontré, il portait une chemise taillée dans un tissu sorti de ses ateliers, une belle toile de coton au coloris gris-vert très raffiné. Cet homme affable et passionné revendique un savoir-faire inspiré des traditions textiles du Burkina Faso.

Il partage ses connaissances avec bonhomie et me montre les différentes plantes et feuilles qu’il utilise pour obtenir ses colorants naturels, le plus souvent par décoction. Je découvre ainsi quelle végétation pousse aux alentours de la capitale Ouagadougou et quelle teinte on peut en obtenir : l’écorce du raisinier d’Afrique (appelé n’pecou) donne une couleur rouge-orangé, les feuilles du bouleau d’Afrique (n’galama) un jaune vif, la fève du néré un brun et enfin l’indigo un bleu profond. En s’appuyant sur la lecture de livres de botanique, Zakaria poursuit sans cesse des tests de teinture pour développer et mettre au point de nouveaux coloris.

Son coton est produit au Burkina Faso. « L’or blanc », tel qu’on le surnomme, est une des principales ressources du pays et connaît un grand succès à l’exportation. Et la culture du coton bio est devenue une filière très porteuse. Il reste encore certaines difficultés pour obtenir un approvisionnement régulier. Les stocks de fils sont parfois insuffisants et on ne peut pas toujours répondre aux commandes, quand elles requièrent des délais de réalisation très courts.

Couleurs du Sahel a donc rejoint une coopérative regroupant douze ateliers dans la filière textile, pour avoir plus de poids dans les commandes de coton et pour favoriser le développement de son activité.

Zakaria porte haut les couleurs du Burkina Faso, en montrant un bel exemple entre tradition et modernité, et en défendant une production artisanale de qualité, autosuffisante et ingénieuse, basée sur les ressources naturelles du pays.

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OUAGADOUGOU, BURKINA FASO

Les femmes du Gafreh

10 janvier 2013

Il faut rouler une petite heure en dehors du centre de Bobo Dioulasso, la seconde ville la plus importante du Burkina Faso, pour se rendre au centre de recyclage de sacs plastiques de la coopérative Le Gafreh. Gafreh, ce sont les initiales de Groupe d’Action des Femmes pour la Relance Economique du Houet, Houet étant la province dans laquelle se situe Bobo Dioulasso. Cette association a été créée en 1995.

Je suis donc partie rencontrer Christiane Lamizana, la présidente du groupe, et toutes celles qui travaillent au quotidien dans le centre de tissage et de recyclage. L’association emploie environ quatre-vingt femmes des alentours de Bobo Dioulasso. Ces femmes de milieux très modestes reçoivent un salaire décent et une couverture médicale pour leur travail quotidien.

La région de Bobo Dioulasso connaît une pollution importante due aux déchets plastiques rejetés négligemment un peu partout. Le ramassage de ces sachets donne du travail à des femmes très démunies ou à de jeunes mendiants et participe à l’assainissement de l’environnement urbain.

Il revient ensuite aux femmes de l’association de s’occuper du nettoyage de ces sacs, de la délicate opération de filage du fil plastique en bobines, puis de la partie tricotage et tissage et enfin de la couture et la confection. Toutes ces étapes à suivre, pour obtenir de jolis sacs, pochettes, boites, poupées crochetées, produits originaux et de qualité.

Mais ce qui m’a le plus intéressée, ce sont ces beaux tissages rayés, noirs comme du goudron, souples et résistants comme du cuir, que les femmes réalisent sur d’étroits métiers. Chaîne de coton noir et trame en fils plastiques, ces étoffes striées de rayures vives rappellent les tissus des faso dan fani traditionnels. Ces pagnes en coton rayés, propres à l’identité culturelle du Burkina Faso, font partie du vestiaire des Burkinabè qui les portent notamment pour des moments importants et des cérémonies.

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BOBO DIOULASSO, BURKINA FASO

Neakru ou l’enseignement du tissage

19 avril 2012

Neakru enseigne le tissage au centre des Soieries du Mékong, ouvert en 2001, dans le but de proposer une activité aux femmes des villages autour de Banteay Chmar, au Nord du Cambodge, près de la Thailande.

Son rôle est central au sein de l’atelier de production. Les jeunes femmes qui souhaitent intégrer la structure montée par Soieries du Mékong vont suivre une formation pendant près de six mois, avant de suivre encore six mois de stage pratique. Et Neakru est donc là pour enseigner à ces apprenties les bases et toutes les subtilités du tissage manuel. Elle a rejoint l’équipe il y a plus de dix ans. La province du Banteay Manchey était une région productrice de soie et de coton, avant les ravages de la guerre civile et il ne reste depuis plus beaucoup de personnes ayant la connaissance du tissage.

Neakru est une enfant de la région. Elle a grandi à Phnom Srok, à 80 km de Banteay Chmar et c’est sa mère qui lui a appris le tissage. Elle est ensuite partie suivre une formation au Centre National de la Soie à Puok, près de Siem Reap.

Banteay Chmar est un village où l’activité principale est l’agriculture et notamment la culture du manioc. En devenant tisserandes, les femmes du village apportent une source de revenu supplémentaire à leur famille et accèdent à un statut plus respecté au sein du foyer. Une fois formées, elles peuvent installer un métier à tisser chez elles et exercer à la maison, tout en s’occupant de leurs enfants. Pour celles qui préfèrent venir à l’atelier, Neakru est là pour leur apporter ses conseils et vérifier que tout se déroule bien.

C’est également elle qui développe les prototypes des nouvelles pièces de la marque de soie. Elle va ourdir les chaînes et tester les armures de tissage pour mettre au point les étoles qui enrichiront les futures collections de Soieries du Mékong. Le tissage est un travail de patience et de précision et c’est ce que Neakru cherche à transmettre à ses élèves. Depuis 2001, plus de soixante-dix tisserandes ont été formées à ce savoir-faire artisanal d’exception.

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BANTEAY CHMAR, CAMBODGE

Vie d’atelier à Banteay Chmar

19 avril 2012

Les ateliers sont de vrais lieux de vie. Ici, dans le village de Banteay Chmar, tout le monde connaît le centre de tissage des Soieries du Mékong. L’atelier ouvre très tôt, lorsque la température est douce et que l’humidité ne s’est pas encore pleinement installée. Tous les artisans viennent du village et de ses alentours. Il est 7 heures et demi du matin et une journée de travail commence. Psey Touch m’invite à partager son petit déjeuner: du riz, un peu de porc mariné et du piment. Elle s’occupe de la teinture des écheveaux de soie et de l’échantillonnage des coloris à développer pour la nouvelle collection d’étoles. Préparer les écheveaux de fils de soie et le mélange de colorants chimiques, faire chauffer l’eau de teinture à ébullition et tremper les fils, jusqu’à fixation de la couleur. Faire ensuite sécher l’écheveau teint et recommencer encore et encore jusqu’à obtenir le bon coloris.

Dans la salle d’ourdissage, Neakru prépare une chaîne de tissage pour une nouvelle idée d’étole. On entend le bruit sourd des métiers à tisser en action, les navettes en bois qui passent d’un bord à l’autre du métier en déroulant leur canette de fils de trame, les cadres qui changent le croisement des fils. L’ambiance est appliquée et tranquille. Au rez-de-chaussée du bâtiment central, les femmes s’occupent de la partie finition des étoles. Enfin à l’étage, on s’occupe de la confection de petits accessoires en soie.

Tout est fait avec soin et chaque minutieuse étape a été pensée de manière artisanale. Une fois tissés, les foulards tombés de métier sont récupérés, lavés pour les assouplir puis repassés à la main. La soie s’entretient comme la chevelure, on la lave à l’eau et au shampooing. Les femmes vérifient qu’il n’y a pas de défaut et retirent les petits fils qui pourraient dépasser de ces pièces tissées main dont l’irrégularité fait aussi la beauté. A 17h, la journée est finie. Chacun et chacune rentre chez soi. Demain est un autre jour.

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BANTEAY CHMAR, CAMBODGE

Renaissance de la soie dorée

15 avril 2012


J’ai découvert qu’il existait de la soie de couleur jaune d’or, produite par une espèce de ver à soie rare en voie de disparition, qu’on trouve en particulier dans la région Nord-Est du Cambodge. Ce ver produit moins de soie que le ver à soie blanche et son fil est d’une qualité plus épaisse et résistante.

Pheach Oum m’a raconté comment elle a fondé Golden Silk en 2002 et comment elle s’emploie, avec énergie et passion, à faire revivre les splendeurs de la soie dorée, dans sa plus pure tradition, dans un projet humanitaire, artistique et patrimonial. Pour créer des étoffes qui vont traverser les siècles, des pièces de collection et d’exception, tout en donnant un savoir et un revenu régulier à des femmes et hommes issus de milieux ruraux pauvres.

Pheach Oum est cambodgienne. Après des études en France, elle est revenue au pays, décidée à aider le plus possible les victimes de la guerre civile et notamment les orphelins. Elle s’est ensuite lancée dans la création d’un centre de formation au tissage et porte depuis ce projet éco-responsable sur ses épaules, avec une détermination impressionnante.

Maintenir cet héritage et ce joyau de la culture khmère est une priorité pour cette ancienne directrice du Centre National de la Soie. Les motifs des ikats qu’elle développe avec son équipe de tisserandes s’inspirent des dessins des temples d’Angkor qui sont tout proche de la ferme-atelier Golden Silk. Pheac est une puriste, elle tient à enseigner des techniques de tradition centenaire, depuis la filature jusqu’au tissage, dans le respect de la nature.

Chaque pièce est tissée et teinte à la main avec des teintures naturelles et écologiques, lui conférant une valeur unique. Le temps ne compte pas pour produire chacun de ces tissus. Certains ikats prennent plus d’un an à être réalisés, entre le nouage, la teinture des fils de trame et le tissage d’un dessin d’une grande complexité.

Perdu au milieu de la campagne, le centre de tissage est d’un calme lumineux. On y ressent un profond dévouement pour la beauté de ce processus de création, du fil de soie jusqu’aux étoffes.

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SIEM REAP, CAMBODGE

Mai, tisserande de Takeo

15 avril 2012

Mai a cinquante ans et vit dans la région de Takeo, à 70 km au Sud de Phnom Penh. Elle vit dans une maison traditionnelle khmère sur pilotis, avec toute sa famille.

Elle a été formée au tissage par sa mère, à l’âge de treize-quatorze ans, lorsque les jeunes filles arrêtent l’école et qu’elles doivent apprendre un savoir qui leur sera utile.

Elle travaille avec Han, missionnaire coréen, fondateur d’une organisation basée à Phnom Penh qui développe des collections textiles en soie et coton selon des techniques artisanales, et fait travailler une centaine de familles dans la région de Takeo. Les fils sont teints par des pigments naturels à Phnom Penh puis fournis aux tisserandes, pour qu’elles puissent réaliser des étoles revendues ensuite par l’ong. Les villageoises qui adhèrent à ce programme assurent ainsi des revenus stables qui leur permettent d’améliorer leur quotidien, d’aider leurs proches et aussi favoriser la scolarisation de leurs enfants. Bientôt, Han va construire un centre de production communautaire dans le village, pour que les tisserandes aient un espace où travailler près de chez elles.

Le régime des Khmers Rouges a beaucoup nui à la pratique et la transmission du tissage dans la région de Takeo. Les plus beaux sampots hôl, sarongs et kramas y étaient réalisés, ces pièces de tissu rectangulaire de tradition millénaire, portées en toutes occasions par les Khmers. Il reste aujourd’hui quelques 8000 familles qui pratiquent le tissage dans cette province, dans les districts de Bati, Saomraong et Prey Kbba.

Après avoir ourdi et empeigné les fils sur le métier à tisser en bois, le travail de tissage peut enfin commencer. Chaque jour, dès qu’elle le peut, Mai s’installe sur son métier, au rez-de-chaussée de sa maison, entre les pilotis de l’habitation. C’est aussi le lieu de repos des paysans, bien à l’abri, à l’ombre, pour se protéger de la chaleur. Elle peut ainsi s’occuper de ses petits enfants, tout en avançant son tissage. Son sourire est communicatif et généreux. Mai tisse avec une belle énergie, entourée de toutes les générations: ses filles elles aussi tisserandes et ses petits enfants au regard curieux.

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TAKEO PROVINCE, CAMBODGE