Said, artisan babouchier

28 novembre 2011

Chez Said, on est artisan cordonnier de génération en génération. Il a été formé à ce métier par son père et ses oncles. Et c’est ce savoir qu’il espère transmettre à ses enfants quand il en aura. Les mains agiles et rapides, d’une grande précision, il maîtrise la réalisation des babouches à la perfection.

La babouche est la chaussure traditionnelle du Maghreb, généralement de forme pointue pour les hommes et arrondie pour les femmes. C’est une chaussure portée en intérieur comme en extérieur, autant par les citadins que les populations rurales. Il en existe plusieurs sortes, la plus courante au Maroc étant une version mixte, la balgha.

Said est le meilleur cordonnier d’Azrou. Il officie dans sa boutique qui présente tous les modèles qu’il réalise, dans la Kissariat datant des années 20, la place centrale qui réunit tous les artisans du cuir de la ville d’Azrou. Dans son échoppe, il doit répondre à de nombreuses commandes et travaille principalement pendant la saison d’été. La babouche est un produit estival et festif, c’est aussi la touche d’apparat qui vient parfaire les tenues de célébrations et de mariage. Durant notre conversation, plusieurs clients viennent le saluer et lui passer des commandes. Un collègue artisan se présente également. C’est lui qui fournit Said en dessus de babouches décorés à la façon berbère, avec des empiècements de couleur rebrodés de petits miroirs.

Said n’a pas changé de techniques, il confectionne toujours les chaussants selon la tradition et sur des critères de qualité bien définis. Une babouche utilise trois sortes de cuir: de la peau de chèvre à l’extérieur, de l’agneau pour l’intérieur et de la vachette pour la semelle. Jamais de plastique. Seuls les styles ont évolué à travers les années. A la manière d’un chausson de danse Repetto, les babouches sont cousues à l’envers et retournées une fois terminées.

De caractère bonhomme et communicatif, Said répond aux différentes questions tout en continuant son travail sur une pièce au dessin traditionnel d’Azrou. C’est un homme bien occupé. Il place son travail au centre de sa vie, soucieux de se fournir en cuirs de qualité auprès des tanneurs de Khenifra et de Fès qui se font de plus en plus rares. Il se montre conscient de la nécessité de travailler en permanence pour subvenir à ses besoins et de la fragilité de la transmission de son savoir-faire.

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AZROU, MAROC