La soie plissée de Ngoc Bich

2 octobre 2012

Au Vietnam, il faut sortir des grandes villes comme Hanoi et Saigon, pour découvrir enfin un autre visage du pays et se plonger dans une vie rurale, rythmée par d’autres mouvements et d’autres activités. On compte notamment plusieurs milliers de villages artisanaux, chacun spécialisé dans la production d’un savoir-faire précis: la laque, la vannerie, la poterie, la sculpture sur bois et bien sûr la soie.

Toujours grâce à l’association Craft Link, je me suis rendue dans un de ces villages de métier, dans la province de Thai Binh, pour y rencontre une fabricante locale d’étoles en soie. Une heure et demi de taxi sur des routes planes et régulières, à travers des kilomètres de rizières verdoyantes, au sud de Hanoi, près de la mer de Chine Méridionale.

Ngoc Bich m’accueille avec simplicité et chaleur. Sa famille a toujours été dans le tissage. On sent une ambiance familiale dans l’atelier qui fait travailler une dizaine de personnes de ce village et des villages voisins.

Le procédé de froissage de la soie employé par Ngoc Bich n’est pas une technique traditionnelle, mais un savoir-faire artisanal unique récent, très peu répandu. Une fois la soie tissée par des métiers mécaniques, on obtient de larges bandes d’une belle finesse sur plusieurs dizaines de mètres de long. Ces traînes de soie, étendues à l’air libre, sont entortillées en longues cordelettes, puis mises en teinture dans plusieurs bains successifs. A chaque teinture, les torsades empêchent la couleur de prendre de façon régulière. C’est ainsi qu’on obtient un effet tacheté élégant, version nouvelle du tie and dye, pour un rendu multicolore délavé qui prend toute sa douceur sur les mousselines de soie.

Les pièces sont ensuite découpées pour devenir des étoles. Il reste encore une dernière étape, la plus difficile et méticuleuse: la torsade à la main. Ngoc Bich a fini par devenir si habile! Accroupie, elle coince un coin d’étole humide sous son pied, tend l’autre extrémité à sa collègue, et entreprend de rouler et tresser son étoffe transparente aux teintes vives. Ses mains souples et agiles lui permettent de faire jusqu’à vingt étoles par heure. Les pièces sèchent ensuite sous cette forme nattée et conservent ainsi définitivement leur aspect savamment froissé, qui fait tant leur succès.

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THAI BINH, VIETNAM